QUELQUES MOTS SUR SIMON LE MAGICIEN

Quelques mots sur Simon le magicien. Simon le Magicien (1er siècle), ou Simon de Gitton, petite bourgade de Samarie, est considéré comme le premier gnostique et le père de toutes les hérésies. Il veut d’abord s’intégrer à la première communauté chrétienne, se fait baptiser, puis propose de l’argent à l’apôtre Pierre pour qu’il lui transmette ses pouvoirs, mais celui-ci refuse violemment. Simon, qui subjugue déjà les foules avec ses tours de magie spectaculaires, se sépare de l’Église, puis achète et épouse une prostituée de Tyr nommée Hélène. Pour lui, Dieu est un feu dévorant, qui consume tout, intelligent et subtil, à la fois visible et invisible : celui qui est, a été et sera. Il se manifeste en trois couples sacrés : trois dans le monde supérieur, trois dans le monde du milieu, et une septième puissance appelée le Silence, sans commencement ni fin, source mâle et femelle. La Pensée abandonne le Père et donne naissance aux anges, mais ces derniers se prennent pour le principe suprême, et cette rébellion entraîne une chute : ils organisent notre monde matériel créé par un autre Démiurge. Ils tourmentent et enferment l’éon femelle Épinoia, la première pensée de Dieu, dans un corps de femme, qui erre de siècle en siècle, de femme en femme, d’Hélène de Troie jusqu’à Hélène la femme de Simon. Dieu envoie un sauveur, qui n’est autre que notre cher magicien, en qui il faut croire, pour trouver le salut. Si l’on croit en Simon et Hélène, on peut vivre au-dessus des lois, tandis qu’ils prônent et pratiquent une promiscuité sexuelle avec leurs disciples sous le mot d’ordre : « Sanctifiez-vous les uns les autres. » Et nous invitent à faire de même : exercer la magie, invoquer les démons, fabriquer des philtres, interpréter les songes, se livrer aux orgies. Le désir, part divine de l’être humain, doit être libéré et réalisé sous toutes ses formes. Sa mort légendaire met en scène Simon volant au-dessus des toits de Rome, et l’apôtre Pierre rompant le charme grâce à la puissance de sa prière et de sa foi, le magicien s’écrasant par terre suite à cette jolie démonstration de l’amour du prochain. 
(photo : Simon le Magicien, les Démons et la Naissance de la Vigne, relief de la porte Miègeville, basilique Saint-Sernin, Toulouse)