LA DIVINISATION DE LA FEMME

La divinisation de la femme. Dionysos a pour mère Sémélé et pour femme Ariane. Dans le mythe elles finissent toutes les deux mortes enceintes, mais divinisées, immortalisées ensuite par le dieu. Les nymphes, qui sont entre autres sages-femmes, sont les nourrices de Dionysos, elles l'éduquent dans la grotte de Nysa, et forment plus tard son cortège, bondissant et chantant dans les forêts, identifiées notamment à des sources ou à des arbres. Les ménades, ou bacchantes, adoratrices de Dionysos, sont des femmes qui imitent le comportement des nymphes mythiques, lors d'une transe sauvage, tous les deux ou trois ans : elles quittent leur foyer, leurs occupations ménagères, leur mari et leurs enfants, et gagnent la montagne pour y danser et s'initier au délire dionysiaque. Leur description mythique dit qu'elles font couler ou jaillir à volonté de l'eau, du lait, du miel ou du vin, allaitent les bébés animaux comme les faons ou les léopards. Voici donc pour moi la mystique dionysiaque : les femmes deviennent des déesses, s'identifient avec la fertilité des minéraux et des végétaux, la fécondité des animaux et des humains, la créativité du cosmos. Bref, elles se sentent physiquement comme étant ce que les grecs appelaient la physis. La femme bacchante est divinisée, comme Sémélé et Ariane qui sont leur idéal divin. Pour un temps, à une époque où les femmes sont sous le joug du mariage forcé, elles deviennent ainsi des déesses libres, libres de leur corps, de leur mouvement, de leur sexualité, de leur expression. Elles forment alors une unité avec la nature, et ses aspects multiples, qui paraissaient étranges et sauvages aux citoyens athéniens. 
(p.s. Tableau : Eugène Delacroix, Danse Antique, huile sur toile, date inconnue, Museu de História e Artes do Estado do Rio de Janeiro)