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V

L'HISTOIRE DE SKYLAS LE ROI BACCHANT

15 Octobre 2016, 23:09pm

Publié par Pierre Kerroch

L'histoire de Skylas le roi bacchant. Rappelons d'abord que "faire le bacchant" c'est être possédé par Dionysos, ce qui s'exprime par une transe sauvage, une ivresse de vitalité, des bonds et des danses, des cris et des chants. Skylas était donc un roi scythe au mode de vie nomade, secrètement et irrésistiblement attiré par le style de vie grec sédentaire, et en particulier par la religion dionysiaque. L'histoire se passe à Olbia, aux confins de la Grèce, au bord de la Mer Noire, dans cette ville où règne Skylas. Les tribus scythes détestent les marchands grecs, mais ils y cohabitent ensemble, pour faire commerce. Skylas est alors de passage, ses sujets campant au pied de la ville, et se glisse discrètement la nuit dans les enceintes de la cité, s'habille à la grecque, déambule sur la grand-place, sans escorte évidemment. Un mois passe, et le roi se fait même construire une maison sur place et s'y marie, et veut de surcroît se faire initier aux mystères de Dionysos. Hasard du destin, signe de mauvais augure pour certains, symbole d'une intervention de Zeus pour d'autres, sa maison est alors frappée par la foudre et incendiée : il y est insensible et n'y voit que du feu. Par ailleurs, les Scythes trouvent absurde ce culte dont le dieu rend fous ses adorateurs. Ainsi un habitant grec finit par aller dénoncer le roi scythe à son peuple, en les narguant de se moquer de Dionysos, alors que leur roi lui-même y succombe. Il emmène pour preuve quelques témoins scandalisés par une scène consternante où Skylas fait le bacchant. Celui-ci doit donc vite s'enfuir devant ses sujets outrés et révoltés et finit livré par les Thraces à ses compatriotes. On pense que cet attrait pour le culte dionysiaque était dû soit à sa mère, soit à sa femme, qui toutes les deux étaient grecques. Cet événement rapporté par Hérodote montre combien l'initiation dionysiaque pouvait déborder et aimanter de façon irrésistible même les plus grands, malgré les risques et les conséquences désastreuses que cela pouvait entraîner. 
(Tableau : Les Nymphes et le Satyre, de William Bouguereau, huile sur toile, 1873, Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts)

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